DS House

Brussels

Belgium

Si la symétrie se comprend spontanément comme la parfaite réplique de deux parties autour d’un axe central, à l’origine, il s’agit, pour citer Vitruve, d’un « accord convenable des membres, ouvrages entre eux (…) d’un rapport de chacune des parties avec l’ensemble ». Pas question de symétrie bilatérale. En grec, summetria signifie tout simplement « proportion » ou « juste mesure ». Mais l’homme, sensible à l’équilibre et la stabilité, a, depuis l’antiquité, construit des œuvres répondant aux lois de la symétrie bilatérale : pyramides, temples, cathédrales… mais aussi vases, bifaces, stèles. Pourtant, d’une trop parfaite symétrie naît l’ennui. L’émotion, elle, jaillit des imperfections, de l’imprévu, des décalages. La façade de cette imposante demeure traduit cette tension entre une quête de majesté équilibrée et une envie d’écart et de variation. Solennelle, la construction se compose de divers éléments dont certains n’assument aucune fonction architectonique mais s’articulent comme des entités sculpturales autonomes. Animée de jeux de vides et de pleins, la façade vibre de nuances allant du gris au beige caractéristiques de sa pierre naturelle.

Mais c’est de l’intérieur que l’on comprend la logique interne de la maison. On y pénètre suivant une mise en scène sacralisée, franchissant les pas japonais surplombant une surface d’eau, poussant l’impressionnante porte en laiton oxydé avant de se sentir irrésistiblement attiré par le centre névralgique de l’habitation. Un axe, au milieu. Une cascade de lumière, un lien visuel entre deux baies vitrées qui s’ouvrent de façon théâtrale sur le jardin. L’œil rebondit sur l’alternance des matières, des textures, des reflets de l’architecture dans les plans d’eau, un peu comme dans une balade à la Fondation Stampalia Querini de l’architecte vénitien Carlo Scarpa.

© Serge Anton